De Valparaiso, un avion puis un bus nous conduisent à San Pedro, une des 14 oasis du désert d’Atacama. Désert sensé avoir l’atmosphère la plus sèche de la planète. Toutes les maisons, les hôtels, l’église, sont construits en adobe et peints en blanc : on peut dire que San Pedro a du style ! De fait, c’est hyper touristique et les places dans les hôtels sont très convoitées. Chaque nuit en cette saison, à défaut de chambre disponible, bon nombre de routards finissent sous les arches près de l’église.
Dans notre hôtel, toutes les chambres ouvrent sur le patio. Beaucoup de français y ont élu domicile, est-ce un effet « guide du routard » ? Bon, les apéros s’organisent naturellement, on invite même les copains de l’hôtel d’à côté, les discussions vont bon train.
Nous effectuons trois jours d’excursions, dont entre autres la vallée de la lune, de la mort, les lagunes altiplaniques et le salar d’Atacama. Les geysers du Tatio et le Salar de Tara sont malheureusement inaccessibles à cause des intempéries.
Lors des sorties, le petit groupe que nous formons sympathise rapidement. Est-ce l’asado sous la pluie? En tout cas, on arrive à se marrer en parlant politique.
Notre guide Santiago, exilé chilien, s’exprime avec passion sur son pays retrouvé. Il nous parle du désert, des oasis, des Atacamènes et aussi de l’histoire récente du Chili, en effectuant un véritable travail d’acteur. Grâce à lui, nous comprenons mieux les contradictions actuelles de ce pays. Démocratique certes, mais ayant conservé une constitution intacte, rédigée par les sbires de Pinochet.
La Pachamama a jeté son grand seau de flotte pour éprouver San Pedro et notre séjour par la même occasion. Le désert d’Atacama hérite des nuages qui ont réussi à franchir la Cordillère des Andes. Cette année, ils y arrivent particulièrement bien et arrosent de façon inconsidérée. Les habitants de San Pedro n’ont pas vu ça depuis 40 ans. Les routes, les pistes, sont coupées par des torrents de boue, les murs d’adobe se délitent, les toitures s’effondrent, des hôtels sont sinistrés, les touristes désœuvrés et l’église vit ses plus mauvais moments.
Malgré ces conditions météorologiques, notre route doit continuer en direction de la Bolivie. Trois jours de 4X4 sont nécessaires pour traverser la Cordillère. Une agence nous assure que nous pouvons passer... La suite au prochain numéro.